Tuesday, January 03, 2006
Les Poèmes français De Kasra (Ali) Anghaee
Traduction française de Shohreh Haji Seyed Javadi
Correctrice : Anne Babey
Kasra (Ali) ANGHAEE, né en 1967, est un poète suisse avec des racines perses. En publiant son premier recueil de poèmes, à l’âge de 22 ans, il a montré qu’il était bien décidé à pénétrer, à fond, dans l’univers de l’imaginaire, mais un imaginaire marqué par la réflexion et les mythes.
Kasra Anghaee a publié :
1) Sur les escaliers d’une tour d’antan, recueil de poèmes, 1989.
2) La légende des tziganes, scénario, 1989.
3) Une porte de liserons et de brouillard, recueil de poèmes, 1991.
4) Une humidité de vases antiques, recueil de poèmes, 1993.
5) A la recherche des libellules, recueil de poèmes, 1994
6) Mon père de nuage, conte pour enfants, 1996.
7) L’Hymne de la fin du siècle, recueil de poèmes, 2000.
8) Poèmes d’amour, recueil de poèmes d’amour iraniens (1979 jusqu’à 1999) avec la collaboration de Mme. Mahin KHADIVI, 2002.
9)Etoiles gelées (éloge de l'éternité)
10)Mistère de la terre(éloge du temps)
11)Ombres de l'avenir(éloge de vivre)
12)Sanctification de l'ébène(éloge de l'amour)
13)Feuille sous la neige(éloge de l'espoir)
14)Terre et soie(éloge de la vérité)
15)Automne dans le miroir(éloge de la tristesse)
16)Tombe du feu(éloge du désespoir)
17)Retour de "toujours"(éloge de la mort)
18)Racines du demain(éloge de la révolte)
19)En outre, M.Bahman MOTAMEDIAN a publié, en 1997, l'ouvrage intitulé "Une sculpture de brouillard", l’anthologie des poèmes, des nouvelles, des pièces de théâtre et des scénarios de film de Kasra (Ali) Anghaee, ainsi que des commentaires et des critiques sur l’œuvre du poète.
1
Mon corps est du blé
Mon regard, la sécheresse.
Les glaneurs, chantant
Ont capturé le vent
Dans leurs tonneaux.
Où est-il le chant du vent ?
Au-delà de la tristesse
De tous les terrestres
Je suis tombé amoureux de toi
Sans voir sur ton front
Le miroitement des paillettes.
Je suis tombé amoureux de toi
Quand les oiseaux
Se sont envolés vers toi ;
Et toi
Tu m’as laissé
Ton parfum d’ébène…
Mon corps est du blé
Mon regard, la mer
Où est le vent
Pour qu’il chante
Dans tes cheveux
Le secret du feu ?
2
Le vent ne souffle plus
Mais tes cheveux tressaillent toujours
À l’aube.
Le ciel n’est qu’un secret
Et toi, tu as enfoui
Dans ta poitrine
Tout le chagrin de la terre.
Ne parle plus au tonnerre ni à la lune !
Seule toi, tu sais
Le secret de la rivière.
3
Il y a un lien
Entre toi et la rougeur de l’univers
Quand tu mets tes mains
Dans tes cheveux orangés
Et les branches des arbres, bien loin de toi
Courbent sous le poids du vent.
Toutes les céramiques turquoises des siècles lointains
Sont recouvertes de l’humidité de ta poitrine,
Et le grain de sable
Dans ta main
Tremble d’une force secrète.
Je strie les arbres
Pour les libérer de la couleur de l’hiver.
Le vent se faufile dans ta robe
Et propage l’odeur du thé.
Oui
Il y a un lien
Entre toi et la rougeur de l’univers
Quand la fente de la terre s’ouvre
En fixant ton regard
Dans son immensité.
4
Un ruban rouge gelé
Avec le bruit
De la fêlure des gigantesques glaces polaires
Et moi au-delà de cette froideur minable
Si innocent
J’avais défait de ses cheveux mouillés
Son ruban gelé
Espérant regarder encore une fois
Sur son visage
Le clair de lune.
Mais elle
Avant tout
Même avant le sifflet du train
Était arrivée à la fin
Le jour où
J’étais tombé amoureux d’elle.
5
L’odeur de la cerise
Dans les dernières pages du cahier
Et ta joue douce
Dans un cadre
Imprégnée de poussière et d’humidité
Tournée vers le vol des grives.
Les gitanes suspendent ton image
Au-dessus du puits
Pour que les tourterelles assoiffées
Avec leurs ailes
Puissent effacer le monde
De ton regard de blé,
Moi je pense aux hommes
Qui des siècles et des villes loin de toi
Regardent une tige de blé
Et qui s’attristent.